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Une troisième clé de réussite pour coordonner la performance énergétique des bâtiments d’un territoire tient dans l’organisation du suivi et de l’évaluation de toute opération de construction et de rénovation. Le suivi doit non seulement s’opérer de la conception à la livraison du bâtiment, et plus spécifiquement, au-delà de la livraison afin d’évaluer la performance réelle gagnée sur le long terme

 

S’engager dans la maîtrise d’ouvrage et le suivi des travaux

Préparer une équipe de projet pluri-acteurs

Une fois l’opération définie à l’issue du diagnostic, la collectivité veille à l’élaboration d’un protocole de suivi de chantier afin de garantir sa qualité et sa finalisation. Le suivi de chantier est d’autant plus précis et efficace si un ou plusieurs chargés de missions en interne sont impliqués. Le protocole de suivi aide à prévenir les imprévus ou défauts éventuels et permet d’assurer le respect des objectifs financiers.

Le suivi débute dès la sélection de la maîtrise d’œuvre affiliée à l’opération. La collectivité, en tant que maître d’ouvrage, réfléchit au type de marché et aux critères de sélection de la maîtrise d’œuvre. Elle peut, à cet effet, élaborer un cahier des charges et communiquer sur le marché en ciblant des maîtrises d’œuvre spécialistes de la rénovation. L’audition de plusieurs équipes permet de diversifier et comparer les propositions communiquées. La diversité des réponses et candidatures peuvent également porter à connaissance des scénarios ou options de rénovation /construction non envisagées au préalable.

La vigilance portée à la sélection des maîtres d’œuvre s’applique pour la sélection des professionnels du bâtiments qui réaliseront les travaux aux différentes étapes du projet. La collectivité veille à proposer un Dossier de consultation des entreprises (DCE) précis, reprenant ses ambitions et objectifs en termes de performance énergétique. Le cahier des charges ne renseigne pas seulement les attentes pour la finalisation du bâtiment mais aussi les attentes pour chaque étape des travaux. En effet, la performance énergétique du chantier, l’attention portée au cycle de vie des matériaux utilisés, à la réduction des nuisances de chantier pour les usagers etc font partie intégrante des exigences de performances énergétiques globales.

 

Suivre et coordonner les travaux

Sur la base du dossier de consultation des entreprises, il convient de rappeler au cours des réunions de pré-chantier, les attentes de la collectivité et de sensibiliser les entreprises aux objectifs fixés pour l’opération. Des sessions de formations et groupes de travail en amont peuvent être organisées entre les techniciens, élus, et équipes de chantier.

Une condition incontournable de réussite du suivi ne peut faire l’impasse de visites régulières du site de chantier et d’un dialogue avec l’ensemble des acteurs. La collectivité a tout intérêt de mobiliser un chargé de mission pour le suivi de projet. Le choix peut également se porter sur la mise en place d’outils de suivi de chantier. La mobilisation d’outils numériques de modélisation facilite la diffusion des informations sur le déroulé et les évolutions du chantier. Un bon suivi de chantier repose aussi sur la réalisation de test réguliers d’étanchéité à l’air et humidité au cours de travaux.

 

Assurer le suivi du chantier de toute opération dans laquelle la collectivité est impliquée

L’importance du dialogue avec et auprès des usagers

La collectivité est garante du bon déroulé des travaux, à la fois pour les usagers et les riverains. Veiller aux ressentis et au bien-être des usagers vivant la période de travaux est essentielle pour évaluer au quotidien la qualité des prestations réalisées. Dialoguer avec les usagers peut en faciliter le vécu et / ou l’appropriation des travaux et des bâtiments à venir. Les équipes projets peuvent par exemple proposer aux habitants de réaliser des collectes de photos, vidéos, de dossiers de presse ou autre afin de constituer une mémoire de projet et faciliter le vécu ainsi que la compréhension de ces périodes de travaux.

En complément des dialogues et animations, des formations permettent, le cas échéant, de sensibiliser progressivement aux nouveaux usages que le bâtiment proposera. En effet, la performance d’un bâtiment sur le long terme ne dépend pas uniquement de ses caractéristiques techniques mais également des usages qui en sont fait .

Dans le cadre de la construction de leur école maternelle, la commune des Matelles a par exemple veillé à la formation des équipes techniques et scolaires au suivi du chantier ainsi qu’aux futurs relevés des consommations énergétiques des bâtiments.

Les équipes du Pôle Petite Enfance “Planète Bambins” de Roquemaure (Gard) ont également été sensibilisées aux “bonnes pratiques d’usage” des protections solaires ou brasseurs d’air. Les équipes du groupe petite enfance ont par ailleurs fait partie intégrante de la maîtrise d’ouvrage aux côtés des équipes urbanisme et technique de la commune.

 

S’entourer des bons acteurs pour conduire sa politique de performance énergétique

La constitution d’une équipe pluridisciplinaire adaptée à chaque opération, au regard de ses caractéristiques et complexité, conditionne sa réussite et sa fluidité.

Dès la phase de programmation, la collectivité maître d’ouvrage veille à s’entourer des compétences techniques, financières et organisationnelles qu’elle estime nécessaire pour le bon déroulé des opérations. La présence d’un programmiste et / ou d’un architecte peut venir compléter un manque de compétences ou temps suffisants en interne ou appuyer le suivi et l’évaluation du chantier.

L’association des futurs occupants, des propriétaires actuels ou encore des professionnels du bâtiment et de l’immobilier à l’élaboration des cahiers des charges, à la conception du projet ou encore au choix des professionnels est une autre condition de réussite au suivi du projet.
L’implication des usagers en amont des opérations permet :

  • de les informer et les rassurer sur le déroulé des travaux, ces périodes pouvant s’avérer difficiles à vivre au quotidien ;
  • de les rendre vigilants sur le suivi et l’avancée du chantier ;
  • de les sensibiliser aux enjeux finaux de performance énergétique, recherché par l’opération de rénovation et / ou construction.
  • de recueillir leurs besoins afin de leur proposer une opération pertinente et adaptée à leurs quotidiens.

Les collectivités peuvent se rapprocher de différentes associations et / ou bureaux d’études pour organiser cette maîtrise d’usage, à l’échelle du territoire, d’un quartier ou d’un bâtiment. La Ville de Nîmes a par exemple saisi l’opportunité de la reconstruction du Pôle Éducatif Jean Omersson, sur la base d’une ancienne école en structure métallique viellissante. Pendant 3 ans, aidée d’un sociologue et d’une anthropologue enseignants-chercheurs, la Ville a impliqué les parents d’élèves, les enfants, les enseignants, les acteurs associatifs et institutionnels du quartier pour établir les besoins et les envies de chacun. Des besoins intégrés aux objectifs rigoureux du label E+ C - visé pour le bâtiment.

 

Un autre exemple de concertation et de gouvernance partagée ayant contribué au bon déroulé d’un projet de rénovation, celui de la Communauté d’Agglomération du Bassin de Thau. La CA du Bassin de Thau a réuni au sein d’une cellule de l’Habitat Indigne, 14 acteurs tels que la Caisse d’Allocation Familiale, les équipes de l’OPAH initiée, le service du Programme national de rénovation des quartiers anciens dégradés, la Maison de Santé, l’Agence Régionale de Santé ou encore la DDTM de l’Hérault pour définir la stratégie de rénovation sur leur périmètre Quartiers Politique de la Ville. A ce consortium se sont ajoutés les élus municipaux concernés et les habitants de logements ciblés.

La communauté de commune d’Astarac Arros s’est appuyée sur les équipes d’Envirobât Occitanie centre de ressources bâtiments durables en Occitanie, pour réussirla construction de son Pôle Scolaire St Michel . L’accompagnement par EnviroBât Occitanie a premièrement contribué à outiller les agents de collectivités pour le développement, le suivi et l’évaluation du projet ainsi que pour veiller à sa transversalité avec les autres projets territoriaux. Deuxièmement, l’accompagnement a permis de réaliser des choix réfléchis et attentifs des acteurs professionnels au profit de matériaux et de savoir-faire de qualité. Bien que la mobilisation de professionnels RGE entraine des investissements plus importants en amont, elle offre cependant une qualité plus pérenne et garantit davantage de confort tant au niveau du bâtiment fini qu’en termes de suivi de chantier. Comme rappelé au cours des rencontres TOTEn de 2020, l’association des différents acteurs associés au projet favorise le partage de langages et vocabulaire communs, malgré des approches et corps de métiers différents.

 

La Région Occitanie s’est appuyée sur la concertation et la synergie des différents acteurs et expertises de la transition énergétique pour structurer son Plan Bâtiment Durable Régionale. Le Plan Bâtiment Durable d’Occitanie est l’aboutissement d’un travail commun entre les acteurs institutionnels, le centre de ressources d’Occitanie, EnviroBât Occitanie, et l’ensemble des acteurs socio-économiques des secteurs de la construction, de la conception, de l’immobilier et de l’aménagement

 

Le No Watt Tour, une rencontre des acteurs du bâtiments en Occitanie autour d'expériences exemplaires

 

Soutenir la formation des acteurs du bâtiments du territoire – CAP Menuiserie au CFA de Béziers